Roman Sitruk

Je suis né un 4 novembre 1995, le jour de la mort Yitzhak Rabin. Ma grand-mère, religieuse et en proie à des croyances de réincarnation se persuade toujours que son esprit se serait transféré dans mon corps. Dans les bras de ma mère, elle m’a susurré à l’oreille : « Tu seras président mon fils ». Comment dire… Ce n’est pas que je ne te crois pas mamie, nan, nan je te jure, mais bon. Moi les histoires de résurrection, c’est pas vraiment mon truc. « Réincarnation ! qu’elle m’assène ». Oui oui, réincarnation, enfin bref, je préfère laisser ça aux hindous ou aux bouddhistes, ils font ça très bien, tu vois ? Elle me jette un regard noir puis tourne la tête pour me montrer qu’elle boude. Alors comme je suis du genre courageux, du genre de ceux qui laisse pas les conflits s’enliser, je me suis levé et suis allé me planquer dans ma chambre…

Le soir même, elle ne m’adressait pas la parole. S’en était trop ! Alors le lendemain, j’ai appris par cœur le dernier discours que ce brave Yitzhak avait prononcé, bien décidé à prouver à ma grand-mère qu’elle avait raison. J’ai fait comme si j’entrais en transe et, devant elle, j’ai déclamé les 3502 caractères de ce discours qui, aujourd’hui encore, est la source de nombreux cauchemars.

Depuis j’ai décidé d’écrire les discours et de ne plus les jouer.